Avoir une vraie conversation

Lundi 15 décembre 2014:

« Je suis contente que tu ne m’aies pas demandé ce que j’allais faire pendant mes vacances. »

Cette phrase c’est Clara, 20 ans, qui l’a prononcée lors de notre dernier cours avant les fêtes. Je l’ai notée sur un bout de papier en me disant « tiens, voilà un sujet pour mon blog ». Puis je l’ai mise de côté en pensant que c’était un peu provocateur tout de même.

Mais ce matin, j’ai reçu le programme d’une formation destinée aux professeurs de Fle et j’ai trouvé qu’il manquait d’originalité. D’un seul coup, la phrase de Clara est revenue.
Sa spontanéité et sa clarté résonnent encore, donc elle mérite d’être partagée.

Clara que veux-tu dire au juste?

Comme la plupart des professeurs, j’ai utilisé les moments forts du calendrier pour enseigner le français. Parler de noël quand c’est noël a priori ça a du sens mais est-ce que cela correspond aux besoins de l’autre, qu’est-ce que je veux transmettre ou quelles questions je veux poser en proposant ce sujet?

Avouons que c’est aussi très pratique, voire même obligatoire: décembre c’est avant tout les fêtes!
J’avais d’ailleurs publié une carte sur ce sujet l’année dernière.

Or si on se met à la place de l’élève, peut-être que tout ça a aussi un côté ennuyeux.
Les fêtes, les vacances, on en parle tous les ans et pas seulement en cours de français.
« Felices fiestas », « Merry Christmas and happy new year », « Buon Natale e felice anno nuovo », « Frohe Feiertage ».
Et puis aussi partout autour: les émissions en parlent, les publicités en parlent, la rue en parle, (et la famille!).

Alors Clara me répond: « Je veux dire que je suis contente d’avoir eu une vraie conversation. Le sujet m’intéresse et est utile pour moi. Je parle français et en même temps j’apprends de nouvelles choses.
En bref: nous communiquons.

conversation3

Alors qu’est-ce qu’avoir une vraie conversation?

C’est échanger des points de vues.
C’est soutenir, développer, confronter ses idées.
C’est illustrer sa pensée par des exemples réels ou vécus.
C’est exprimer ses sentiments et ses doutes.

Avoir une vraie conversation c’est aussi apporter un problème et essayer de le résoudre ensemble.
C’est clore un échange en ayant la sensation et la satisfaction d’avoir appris quelque chose. C’est se sentir différent une fois la conversation terminée.

Avoir une vraie conversation c’est aussi prendre des risques, explorer de nouveaux territoires, s’aventurer dans sa zone d’inconfort, trouver les mots exacts et les graver dans sa mémoire. C’est faire travailler deux cerveaux ensemble, et se retenir de ne pas couper la parole même si on a très envie d’ajouter quelque chose.

Avoir une vraie conversation c’est sortir de l’autoroute et redécouvrir les virages, apprécier les digressions sur le bas-côté. Et s’autoriser parfois à perdre le fil…

Pourquoi je te raconte ça déjà? (…) Ah oui c’est vrai!

Vous qui enseignez ou qui apprenez une langue…

…en cette époque de fêtes et de renouveau, je vous souhaite de très belles conversations, originales, passionnantes et constructives.

 

 

Marion Charreau

territoires des langues

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